Remise Venise - Yves-Noël Genod création 2017

mercredi 3 janvier 2018

Epiphanie par Pascale Logié

Mais tandis que chacune des mille paillettes de l’homme brillaient sous le halo des projecteurs, ces gestes bienveillants ou chacune de ses aimables attentions « gardez vos manteaux » invitaient le public à la célébration du spectacle.
Le silence se faisait bien en amont, une quiétude sereine gagnait les spectateurs. Le mystère de la nuit factice de l’obscure boîte noire du petit théâtre. Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant. Cet instant présent ; IL se levait, doucement se déshabillait et entrait nonchalamment sur le plateau.
La sonate d’une danse captive secouait son sexe dans un mouvement oscillatoire. Les choses éclatantes, on ne les fait généralement que par à-coups, corps à corps d’énergie. La joie supraterrestre d’un corps glorieux triomphal bravait nos regards.

Le regard provoquant de l’adolescence irrévérencieuse affrontait le public. La jeunesse une fois passée, il était rare que l’on reste confiné dans l’insolence. La parade juvénile de cet être étrange en déshabillé de broderie anglaise s’unissait à la vigueur du danseur dans une suite de batailles espiègles. Quelque chose qui ressemblait au contraire à l’apparition d’une ronde divine avait été la réalisation plus ou moins complète d’un rêve né de la vue d’un visage ou d’un corps qui avait, spontanément, sans s’y efforcer, trouvés charmants. Le passager abandonnait alors le plateau avec la même indolence pudique qu’il en était survenu.
IL reprit sa danse, mélange de souplesse, d’aisance physique et préférait arpenter les limites rugueuses des murs noircis. La lumière devenait fébrile, oscillante entre l’illumination diaphane du lustre rococo et l’obscurité.

QUOI ?

A l’ombre des jeunes filles en fleurs, l’action de grâce surgissait, tout en délicatesse. ELLE, sculpture harmonieuse de la figure épiphanique telle une sylphide paraissait perchée sur pointes, mélange de grâce, de souplesse et d’aisance physique. La ballerine pudiquement habillée de lingerie de luxe, entrait dans la danse avec panache.

C’est sans filet que nous devions attraper le sublime de ces moments de beauté fluide collective et mobile. Leur laisser la place, à ces mouettes, le plus possible de place, qu’elles la prennent et nous avalent et nous sauvent, sautent par-dessus nous comme le fait l’une des fillettes par-dessus un vieux monsieur terrifié assis sur un fauteuil en dessous de la digue à Balbek : qu’elles nous dédaignent absolument. Plus le désir avance, plus la possession véritable s’éloigne.
 Mais tandis que chacune de ces liaisons, étreintes, caresses et portés passionnés où chacun de ces flirts énamourés nous comblaient d’allégresse. Rempli par l’admiration qu’inspirerait la beauté – pour en trouver la suite. La lumière versicolore d’un arc en ciel se projetait au travers d’une sculpture métallique rotative, altérée par le fumigène, on nous offrait le paysage spectral de la ville de bord de mer embrumée.
Le gai discours de l’homme qui brillait de mille paillettes nous rappelait à la réalité « Il ne sait pas si c’est le monde qui est en train de devenir rêve ou le rêve monde. ».